01/10/2009

Arsenic et vieux squelettes


L'arsenic, poison historique, est présent dans les sols et certains organismes vivants peuvent le concentrer. Des taux élevés ont été découverts dans le squelette d'un enfant de 5 ans du site mésolithique de Nivaagaard (5610-5770 BP) puis dans 8 autres squelettes mésolithiques de la même région du Danemark par KL Rasmussen et coll (J of Archaeological Science 2009 on line sous presse). Ces auteurs ont mené une étude très détaillée des sources possibles de cet arsenic. Ils ont recherché une origine alimentaire en dosant l'arsenic dans les restes de coquilles et d'os de ces sites. Il existait également des taux assez élevé d'arsenic dans les coquilles marines qui étaient une source essentielle de protéines pour ces populations avec même des taux très élevés dans certaines espèces. Cependant, l'arsenic étant peu toxique sous sa forme organique, le risque d'accumulation était limité et il ne pouvait d'ailleurs pas être rencontré à taux élevé de ce fait chez un jeune enfant. Dans les os de faune terrestre de ces sites, les taux étaient aussi élevés alors qu'ils ne consomment pas de coquilles marines. Par ailleurs, les taux d'arsenic étaient jusqu'à 15 fois moins élevés dans des squelettes mésolithiques, néolithiques et médiévaux d'autres sites danois.
Les auteurs expliquent la singularité de ces taux d'arsenic élevés dans ce site mésolithique danois par une pollution du sol par des produits d'entretien des rails d'une l
igne de chemin de fer proche du site qui, riches en arsenic, se sont infiltrés dans le sol et ont contaminé les restes animaux et humains par diagenèse.

Ostéo-archéologie- techniques médico-légales


Un ouvrage intitulé "Ostéo-archéologie et techniques médico-légales tendances et perspectives- Pour un "manuel pratique de paléopathologie humaine"" a été publié en 2008 sous la direction de Ph. Charlier aux éditions De Boccard. Il s'agit d'un travail collectif comprenant 65 contributions réparties en 44 chapitres, 21 "encadrés" pour un total de 684 pages. Il a été fait appel, outre au directeur de cet ouvrage qui signe ou co-signe 25 chapitres, à de nombreux auteurs paléopathologistes et paléoanthropologues français pour la plupart.
Les chapitres sont constitués soit d'exposés méthodologiques (ex: détermination de l'âge au décès), soit de présentation de l'état actuel des connaissances sur un sujet donné (ex: les tréponématoses) et les encadrés peuvent contenir également des exposés méthodologiques ou des présentations de cas individuels ou multiples visant à illustrer un chapitre.
Il s'y associe une riche bibliographie de 88 pages en fin d'ouvrage. Il s'agit d'une utile contribution dans la mesure où ce type d'ouvrage n'existait pas en français alors que plusieurs autres existent en langue anglaise. Toute chose étant perfectible, le contenu en est parfois hétérogène (la paléoparasitologie, encadré méthodologique de 2 pages, aurait mérité un chapitre) et certains chapitres méthodologiques manquent de schémas pour leur permettre d'être utilisés comme un "manuel" ( ex identification du sexe par la méthode de Bruzek).
Comme indiqué dans la préface de cet ouvrage, il s'adresse "aux professionnels et aux amateurs éclairés". Il sera certainement une base bibliographique très utile avant d'aborder une étude paléopathologique. On peut regretter un prix assez élevé qui risque d'en limiter la diffusion (80 euros et 8 euros de frais de port auprès de l'éditeur).